Dédié au cadeau d’une boite de chocolats suisses

Enveloppés dans leurs images de monts neigeux,
De chateaux suisses, de lacs d’eau fraîche,
Ils se frôlent entre eux si près
Dans leurs enveloppes de montagnes couvertes de neige,
De châteaux baroques, de lacs limpides,
Ils se côtoient dans leurs carrés scellés
Où les Alpes abritent leur chocolat brun lisse
Fait pour se fondre sur une langue avide.
Gauffrettes de tendre félicité dégagent
Des moments d’extase à ceux qui y goûtent …
Cependant ces délices manquent d’arrière-plan.
Les cartes postales occultent les petits enfants
Qui serraient leurs mamans,
Qui se cramponnaient a leur chaleure noire
Mais qu’on a arrachés et vendus ailleurs en Afrique
Ou les jours de chaud soleil fondent le chocolat et la mémoire.
Chaque jour ces petites épaves taillent les fruits
Qui s’accrochent à la souche nourrissière
Et ses branches; ces fruits – gousses dorées
Qui cachent le riche cacao.
A la chaleur de la nuit dans leur case bondée,
La peur, la tristesse vaincues par la fatigue,
Ils s’endorment,  entassés, exténués, oublieux des rats
Et des usines où coule le chocolat lisse et foncé
Dans des moules, pour durcir aux délices des gourmands —
Ces enfants captifs, esclaves, se ratatinent, meurent de faim,
Pour rassasier nos désirs. Malades, maltraités, malheureux,
Ils succombent dans une terre hostile, étrangère:
Un terme à leurs peines, à leur faim, sera une bienveillance,
Car il n’y aura point de soulagement.
Jamais ces enfants ne sentiront cette hostie brune
Sur la langue flétrie; jamais ne verrons les chateaux
Réflétés dans les lacs verts abrités par les montagnes enneigées.

Theresa Wolfwood.  Translation from English by Andrée Scott